Construire un village du post-partum pour mieux vivre la parentalité
Post-partum
Grossesse
Par : Pauline Grognet, doula et éducatrice Montessori

Temps de lecture : 2min
Peut-être que connaissez ce proverbe africain qui dit : « Il faut tout un village pour élever un enfant ».
La première fois que je l'ai entendu, j'étais en plein post-partum, ma fille avait quelques mois. Je me suis alors questionnée. Comment, dans d'autres pays, les familles vivaient le post-partum et la parentalité ? J'ai découvert que dans de nombreuses cultures à travers le monde, le post-partum est considéré comme un moment sacré, les enfants sont élevés en communauté, et le concept de famille nucléaire est inexistant.
Ces découvertes ont été une révélation, une évidence, un monde s'ouvrait à moi. Comment mon compagnon et moi pouvions-nous :
- Répondre seuls aux besoins d'un petit être humain, pourvoir à sa vie affective, sociale et culturelle, à son développement.
- Tout en essayant de prendre soin de nous-mêmes, de notre couple, de notre maison, de notre vie sociale.
- Le tout, en travaillant.
Comment pouvions-nous surmonter seuls ce tsunami qu'est la parentalité ? J'ai progressivement cessé de culpabiliser de me sentir dépassée par la maternité. J'ai osé demander et accepter de l'aide. Voici quelques pistes pour construire, vous aussi, votre village.
Anticiper, un village se pense et se construit dès la grossesse
Dans le flot émotionnel, le tsunami de l'arrivée de bébé, vous n’aurez probablement pas le temps ni l'espace mental pour demander et organiser l'aide dont vous aurez besoin.
Anticiper pendant la grossesse soulage et rassure les parents et les membres du village. Chacun sait ce qu'il pourra faire.
En plus d'alléger votre charge mentale, de vous permettre de vous consacrer à votre bébé et à votre rétablissement, le soutien et l'aide de vos proches va favoriser leur implication et va créer un sentiment de connexion et de solidarité entre tous. vous faites tribu !
Définir vos besoins et identifier les personnes ressources
Je vous conseille de lister vos besoins par thématiques, par exemple :
Vie quotidienne
- Aide pour le ménage, les courses, les repas…
- Relais pour les aînés ou le bébé.
Santé et soins
- Maman : soins post-accouchement, massage, serrage de bassin, allaitement, etc.
- Bébé : suivi médical, soin du corps, etc.
Il peut être bénéfique de privilégier les interventions à domicile pendant le premier mois.
Conseils
- Informations sur le développement de l'enfant, le sommeil, l'allaitement, etc.
Une fois les besoins définis, choisissez à qui demander du soutien en fonction des envies et compétences de chacun. Il est important de choisir en conscience les personnes qui vous accompagneront. Le mieux c’est qu’elles soient en phase avec vous, avec vos valeurs pour que vous puissiez vous sentir à l’aise et en pleine confiance avec elles.
Il sera plus facile d'accéder à votre demande si on y prend plaisir. Par exemple, le ménage n'est pas ma spécialité, mais j'adore écouter et je suis très empathique.
Après la théorie, la mise en pratique…
Demander de l'aide n'est pas toujours facile, pour plusieurs raisons : pudeur, peur de se montrer faible, d'être jugé… Mais votre besoin est légitime !
Je vous fais part de mon expérience :
- J'exprime les faits.
- Je dis ce que je ressens.
- Je demande clairement ce dont j’ai besoin (je pars du principe que les autres ne peuvent pas deviner).
Par exemple : « Je pense que je vais être très fatiguée avec l'arrivée de bébé et que j'aurais vraiment besoin d'un coup de main pour le ménage, cela me permettra de me sentir soutenue. Toi qui es une fée du logis, est-ce que tu serais d’accord de passer de temps en temps ? »
À qui demander de l’aide ?
La famille, si elle est proche, peut être d'un soutien incroyable. Si votre mère est loin, cela peut être l'occasion qu'elle vienne passer quelques jours avec vous.
Les amis, parfois ils est plus facile de demander de l'aide et de se confier à ses amis.
Il existe de nombreux professionnels de la périnatalité (voici quelques exemples) :
- Conseillères en lactation ou bénévoles d’associations de soutien à l’allaitement.
- PMI (protection maternelle et infantile).
- Sage-femme libérale.
- Doula ou accompagnante périnatale.
- Aide à domicile ou TISF (travailleuse d’intervention familiale) qui peuvent être cofinancées par la Caisse d’allocations familiales.
Rompre avec la solitude : nous sommes des êtres sociaux et nos enfants aussi
La parentalité est le moment où nous avons besoin de nous rassembler, de partager notre vécu et nos expériences pour construire notre confiance, et pourtant, être parent dans notre société peut constituer un facteur de solitude et d'isolement.
Je vous invite vivement à sortir de chez vous, à rejoindre des groupes de parents, des cafés des familles, des cercles mamans-bébés, ou des ateliers thématiques autour de la parentalité.
Vous pouvez côtoyer des lieux culturels comme les médiathèques, centres sociaux, LAEP (lieu d’accueil enfants parents) ou associations locales qui proposent des ateliers parents-enfants (bébé lecteur, éveil musical...).
Toutes les opportunités sont bonnes !
- Nous, adultes : on relativise et on s'entraide.
- Et les enfants apprennent ensemble, développent de meilleures compétences relationnelles et émotionnelles.
Et si se déplacer est impossible ?
Dans ce cas, merci aux réseaux sociaux qui regorgent de groupes dédiés à la parentalité où nous pouvons trouver de l'écoute.
Il existe aussi les groupes régionaux « Mamans cadeaux » qui offrent aux mamans dans le besoin la possibilité de recevoir le soutien d'une maman bénévole.
En résumé…
Je reprendrai les sages paroles d'Isabelle Filliozat : « Pour élever des enfants débrouillards, responsables et attentionnés, il est temps de troquer individualisme, compétition, contrôle et surprotection contre connexion, coopération, autonomie et nature ».
Et souvenez-vous, oser demander et accepter de l'aide est un signe de force et de sagesse, et non une faiblesse. Vous le faites pour votre bien-être et celui de votre enfant !
Références et ressources conseillées
- "Le concept du continuum, à la recherche du bonheur perdu" de Jean Liedloff.
- "Chasseur cueilleurs parents" de Michaeleen Doucleff.
- "Le mois d'or, bien vivre le premier mois après l'accouchement" de Céline Chadelat et Marie Mahé Poulin.

À retenir de l’article
Demander de l'aide n'est pas toujours facile mais votre besoin est légitime !