Mon corps après bébé : changements physiques et impacts psychologiques
Post-partum
Par : Parentela

Temps de lecture : 2min
L'accouchement marque une transition à la fois physique et psychologique profonde pour toute femme. Dans cet article, nous allons explorer non seulement les transformations corporelles liées à l’après-grossesse, mais aussi les impacts psychiques, parfois subtils, que ces bouleversements induisent. Les enjeux sont multiples et touchent à la fois à l'image corporelle, à l'identité et à la dynamique relationnelle.
Les principaux changements physiques après l’accouchement
Chaque femme vit une expérience unique, mais certains changements physiques sont fréquents chez la majorité des mères post-partum. Ces transformations sont normales et souvent temporaires, bien qu'elles puissent avoir un impact émotionnel significatif.
La dégestation est un concept utilisé en périnatalité pour décrire la période qui suit la naissance d'un bébé, pendant laquelle la mère et l'enfant continuent d'entretenir une relation de proximité, similaire à la gestation, mais cette fois en dehors du ventre maternel. Elle s'étend au-delà des premiers mois post-partum et se concentre sur le processus de transition physique et émotionnelle que vivent la mère et le bébé après l'accouchement. Toutes les fonctions du corps doivent se réadapter après 9 mois de grossesse et cela prend du temps.
Voici un aperçu des principaux changements possibles, (fermez les yeux si vous ne souhaitez pas voir) : Affaiblissement du périnée, distension abdominale, modifications des seins vergetures, chute de cheveux, modifications morphologiques et élargissement du bassin.
Le corps après bébé : une réorganisation structurelle complexe
La grossesse et l’accouchement entraînent une série de modifications structurelles du corps. Il ne s'agit pas simplement d'un retour à l'état initial, mais d'une réorganisation profonde. Comprendre ces transformations, dans leur dimension physiologique, est essentiel pour appréhender les conséquences psychologiques qui peuvent en découler.
Modifications des systèmes musculaire et ostéo-articulaire
L'une des transformations les plus notables est la modification du plancher pelvien. Ce groupe musculaire, soumis à une pression considérable durant la grossesse et l'accouchement, peut subir un affaiblissement. Les prolapsus ou incontinences urinaires post-partum sont souvent l'expression de cette altération, laquelle peut être vécue comme une atteinte à l’intégrité corporelle. Du point de vue psychologique, ces symptômes peuvent être vécus comme une perte de contrôle de son propre corps, générant des sentiments de honte ou de frustration.
Par ailleurs, la diastasis des grands droits, séparation des muscles abdominaux, constitue un autre phénomène fréquent. Cette modification structurelle peut provoquer une perception d'altération physique, parfois associée à une dévalorisation corporelle. Cette perception peut être amplifiée par les représentations sociales et médiatiques qui glorifient un retour rapide à un corps "pré-bébé", pouvant créer un sentiment d’échec chez les mères.
Changements au niveau de la morphologie et du bassin
La morphologie du corps évolue également après la grossesse. Le bassin, qui s’élargit naturellement pendant la grossesse pour préparer l'accouchement, ne retrouve pas toujours sa taille d’origine. Cet élargissement du bassin peut provoquer un changement dans la manière dont certaines femmes perçoivent leur silhouette. Les hanches, plus larges, modifient souvent l’équilibre global du corps et peuvent engendrer une nouvelle posture. Cette modification morphologique n'est pas purement esthétique ; elle peut avoir un impact fonctionnel, notamment sur la stabilité articulaire et les tensions ressenties dans le bas du dos.
Ces changements morphologiques peuvent également créer une dissonance cognitive : alors que les femmes s'attendent à retrouver leur corps "normal", elles se retrouvent avec une morphologie modifiée. La société, en valorisant un retour rapide à une silhouette fine et tonique, contribue à accentuer le sentiment d’étrangeté ou de perte de contrôle que peuvent ressentir certaines mères face à leur nouveau corps.
Impact hormonal : un réajustement neuroendocrinien
Le système neuroendocrinien est fortement impacté par la grossesse et l’accouchement. Le brusque déclin des œstrogènes et de la progestérone après la naissance influence directement l’humeur et les émotions. Cela explique en partie la survenue du baby blues chez près de 70 à 80 % des nouvelles mères, et dans des cas plus sévères, la dépression post-partum. Les fluctuations hormonales exacerbent les vulnérabilités émotionnelles préexistantes, rendant la gestion de ces bouleversements d'autant plus complexe.
Le cortisol, hormone du stress, peut également jouer un rôle dans la manière dont les femmes vivent leur corps après l’accouchement. Un taux élevé et prolongé de cortisol, souvent lié à la fatigue extrême et au stress des premiers mois, peut entraîner une hypervigilance et une anxiété face aux modifications corporelles, créant une forme d’auto-surveillance constante.
Le rôle de la prolactine et son impact sur la perception du corps
Pour les femmes qui choisissent d’allaiter, la prolactine, hormone essentielle à la production de lait maternel, tient un rôle important dans le rapport au corps. Bien que cette hormone soit souvent associée à une sensation de bien-être (grâce à l’ocytocine), elle peut également jouer un rôle ambivalent en retardant le retour des cycles menstruels et en modifiant la libido. Certaines femmes vivent cette absence de règles ou cette baisse du désir sexuel comme une altération de leur féminité, influençant négativement leur image corporelle.
Répercussions psychologiques des transformations corporelles
L’impact sur l’image corporelle
L’image corporelle, selon Schilder (1935), n'est pas seulement une perception physique, mais une construction mentale et psychologique influencée par l'histoire personnelle, les expériences relationnelles et les normes culturelles. Lors de la période post-partum, cette image est souvent mise à l'épreuve. Les modifications visibles du corps peuvent entrer en conflit avec l’idéal corporel, créant un sentiment d’étrangeté vis-à-vis de son propre corps.
Le concept de dissonance cognitive, proposé par Festinger (1957), peut ici être utilisé pour comprendre le vécu de nombreuses mères. D'un côté, elles ressentent une immense gratitude envers leur corps pour avoir porté et donné naissance à leur enfant, mais de l'autre, elles peuvent éprouver un rejet de ce même corps qui ne correspond plus à leur représentation interne ou aux attentes sociétales.
Le rôle de la pression sociétale
L'environnement culturel joue un rôle crucial dans la perception du corps post-partum. Dans une société où le culte de la minceur et de la performance est omniprésent, les femmes peuvent ressentir une pression intense pour retrouver rapidement leur silhouette d'avant grossesse. Les réseaux sociaux, par exemple, véhiculent souvent des images de célébrités ou d'influenceuses retrouvant une silhouette mince et tonique en quelques semaines après l'accouchement, créant un modèle de comparaison sociale (Festinger, 1954) souvent irréaliste. Cette comparaison peut conduire à des états émotionnels négatifs, tels que la culpabilité ou l’insatisfaction.
Le processus de réappropriation corporelle
La réappropriation corporelle est un processus psychique qui demande du temps et de la bienveillance. L’idée n’est pas de retrouver un corps identique à celui d’avant la grossesse ce qui n’arrivera pas pour la plupart des femmes et c’est normal, mais bien de redéfinir son rapport à ce corps, en acceptant ses nouvelles formes et en valorisant les ressources qu’il a mobilisées pour donner la vie.
La rééducation périnéale, le yoga postnatal, l’ostéopathie ou encore la psychothérapie peuvent être des moyens efficaces pour accompagner ce processus, en travaillant sur le lien entre corps et esprit, et en permettant une réconciliation progressive avec ce corps transformé.
Conclusion : vers une réconciliation corps-esprit
L’après-grossesse est une période de transition profonde, tant sur le plan physique que psychologique. Les transformations corporelles ne doivent pas être perçues comme des « défauts », mais comme le reflet d’un processus complexe et puissant. Prendre soin de son corps post-partum, c'est aussi accepter les nouveaux contours de son identité, et se donner le temps et les moyens de retrouver un équilibre physique et psychique.
Cet article est à titre informatif uniquement. Pour un avis médical personnalisé, veuillez consulter un professionnel de santé.
Références et ressources conseillées
- "Mon corps après bébé" de Bernadette de Gasquet.
- "Ceci est notre post-partum" de Ilana Weizman.
- "Le corps féminin et la dégestation" de Ingrid Bayot.
- https://stm.cairn.info/revue-perinatalite-2023-2-page-110?lang=fr“
- "Etre mère sans s’oublier” de Soline Bourdeverre Veyssière.
- "Le corps d’après" de Virginie Noar.
- "Mon corps après bébé, tout se joue avant 6 semaines" de la Dr Bernadette de Gasquet.
- "Les mémos illustrés pour bien vivre son post-partum" de Eve Ashour.

À retenir de l’article
La réappropriation corporelle est un processus psychique qui demande du temps et de la bienveillance.