La communication non-violente (CNV) : une approche pour éduquer dans la bienveillance
Parentalité
Par : Sabrina Lecart, sophrologue

Temps de lecture : 2min
« Arrête d’embêter ta sœur ! », « Mais, tu entends quand je te parle ? Ça fait 10 fois que je te demande d’aller prendre ton bain ! », « Tu es puni ! », « Si tu continues, je ne m’occupe plus de toi ! ».
Combien de parents ne se sont pas sentis démunis, débordés par leurs émotions, face au comportement persistant ou débordant de leurs enfants ? Menaces, chantage, punitions, comparaisons, violences verbales ou physiques font encore partie de certains moments de vie aujourd’hui.
Évidemment, aucun parent n’a de mauvaises intentions pour les enfants qu'ils accompagnent. On veut tous que les enfants soient heureux, qu’ils réussissent, qu’ils soient bien dans la vie, qu’ils soient à l'aise avec les autres…
Reproduire un schéma éducatif
Nous vivons dans un conditionnement relationnel dans lequel on a été éduqués et qu'on reproduit. Que ce soit dans nos manières de parler, d'écouter, de gérer les conflits, ou d'exercer notre autorité, tant qu'on n'a rien d'autre dans notre caisse à outils, on reproduit ce qu'on a toujours connu.
Même si, enfant, on s'est dit « Jamais je ne ferai ça moi ! ». Devenus parents, dans un moment de stress, on fait comme eux, parce qu'on n’a rien d'autre sous la main.
La communication non-violente : un outil de transformation
La communication non-violente (CNV) apporte des moyens concrets d'une éducation au service du bien-être et de la paix. Elle amène la conscience des besoins humains en faisant prendre conscience que « La violence est l’expression tragique de besoins non satisfaits. »
Clarifier notre intention
Par où commencer ? Il est fondamental de mettre de la clarté sur notre intention dans ce que nous voulons vivre avec notre enfant :
- Souhaitons-nous l’éduquer dans un système de pouvoir, de rapport de force, ou de domination, où l’enfant agirait par peur d’être puni ou par motivation à être récompensé ?
- Ou préférons-nous développer chez nos enfants la conscience des besoins mutuels, lui permettant d’être en lien avec son désir premier, celui de contribuer au bien-être d’autrui, et de faire des choix basés sur ses repères internes ?
« Si nous voulons la paix et la santé physique et mentale, il nous faudra éduquer d'une manière radicalement différente les prochaines générations. » Marshall Rosenberg, créateur de la CNV.
L’impact des jugements sur l’enfant
Tous les jugements, qu'ils soient négatifs ou positifs, entretiennent la dépendance de l'enfant au regard de l'adulte : « C'est l'adulte qui sait pour moi si je suis quelqu'un de bien ou pas » intègre l’enfant. Cette façon de communiquer ne développe pas les repères internes de la personne.
Avec la CNV, lorsque notre intention est réellement de prendre soin de la relation en tenant compte de nos propres besoins en tant que parent ET de ceux de l’enfant, nous pouvons apprendre à communiquer de cœur à cœur.
Le processus OSBD en est un excellent support :
- O comme Observation : parler d’un fait de façon objective.
- S comme Sentiment : exprimer notre ressenti en prenant la responsabilité de nos émotions.
- B comme Besoin : reconnaître les besoins sous-jacents à nos émotions.
- D comme Demande : formuler une demande pour répondre aux besoins exprimés.
Exprimer la gratitude : un outil puissant
L’expression de la gratitude est également un puissant outil de qualité relationnelle. Nous mettons facilement en avant ce qui ne nous convient pas, mais reconnaître ce qui va bien peut transformer la dynamique familiale. Lorsque nous exprimons ce qui nous satisfait et que nous reconnaissons que ce que fait et est l’enfant est suffisant, la relation s’adoucit, nourrissant l’estime de soi de l’enfant.
Par exemple, en rentrant du travail, si vous voyez les chaussures et le cartable dans l’entrée, au lieu de dire « Tu as encore laissé traîner tes affaires ! », vous pouvez utiliser le processus OSBD pour formuler une demande plus constructive :
« Quand je vois que ton cartable et tes chaussures sont dans l’entrée alors que j’ai demandé à les ranger, je me sens vraiment énervée. J’aime tellement quand l’entrée est propre. Tu serais d’accord, demain, de mettre ton cartable dans ta chambre et tes chaussures dans le placard ? »
De la même manière, si les chaussures et le cartable sont bien rangés, au lieu de ne pas le remarquer, exprimez votre reconnaissance : « Quand je rentre du travail et que je vois que tu as rangé tes affaires, ça me fait un bien fou ! C’est reposant pour moi et je tiens à te dire merci ». En formulant ainsi, vous permettez à l'enfant de comprendre qu'un de ses actes a contribué à votre bien-être. C'est totalement différent de dire « Ah, tu grandis, tu deviens responsable ».
En résumé…
La (re)connexion au langage du cœur est un apprentissage, mais la bonne nouvelle, c’est que peu importe l’âge, il est tout à fait possible de s’entraîner pour vivre des relations apaisées dans tous les domaines de la vie.
Références et ressources conseillées
- "Les Mots sont des fenêtres, ou bien ce sont des Murs" de Marshall Rosenberg, créateur de la CNV.
- "Vers une éducation au service de la vie" de Marshall Rosenberg, créateur de la CNV.

À retenir de l’article
La violence est l’expression tragique de besoins non satisfaits.