Comprendre les réflexes archaïques pour accompagner le développement de votre enfant
Parentalité
Par : Elsa Roy, praticienne en intégration des réflexes archaïques

Temps de lecture : 2min
Dès la naissance, les bébés présentent des comportements fascinants qui ne sont pas toujours bien compris. Parmi eux, les réflexes archaïques ou primitifs sont essentiels à leur développement. Ces mouvements automatiques sont souvent visibles lors des premiers mois. En permettant au nourrisson de s'adapter à son environnement et de répondre à ses besoins vitaux, ces réflexes jouent un rôle important dans la croissance et l’épanouissement de chaque individu.
Qu’est-ce qu’un réflexe archaïque ?
Les réflexes archaïques, présents dès la naissance, sont des mouvements automatiques essentiels qui posent les bases de notre développement moteur et neurologique.
Pourquoi réflexes ? Ce sont des réactions motrices automatiques, non contrôlées et involontaires présentes dès la naissance. Ces réflexes sont des comportements moteurs innés qui se déclenchent en réponse à des stimuli spécifiques et qui sont essentiels à la survie des nourrissons et bien plus.
Ils jouent un rôle clé dans l’adaptation du bébé à la vie extra-utérine. D’autre part, on les appelle archaïques ou primitifs ou primaires. Cela peut faire un peu peur, mais ils ne sont pas méchants, au contraire ! C’est tout simplement parce qu’ils sont liés aux stades plus anciens de l’évolution humaine, hérités de nos ancêtres.
Quelques exemples de réflexes archaïques
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Réflexe d’agrippement palmaire : lorsque l’on place un doigt au contact de la paume de la main du nouveau-né, cela entraîne automatiquement la fermeture des doigts qui vont tenir fermement celui de l’adulte.
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Réflexe de Moro : il se manifeste lorsque le bébé est surpris par un son fort, un mouvement brusque ou lorsque sa tête bascule en arrière.
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Réflexe de succion : il permet au bébé d’ouvrir la bouche dès que quelque chose touche la commissure de ses lèvres et de téter dès qu’il ressent une stimulation au niveau du palais.
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Réflexe de Babinski : lorsque l’on remonte le doigt le long du pied du bébé, il se produit une réaction de rotation interne du pied.
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Réflexe de marche automatique : lorsque l’on place bébé en position debout, il fait des mouvements de marche.
Le développement des réflexes archaïques
Les réflexes archaïques commencent leur développement pendant la période prénatale, in utero. Ils permettent au bébé de se positionner dans l’utérus et de développer son système nerveux. Les mouvements de la mère sont autant de mouvements pour le fœtus qui permettent le développement de ses premiers réflexes.
La majorité de ces réflexes sont pleinement actifs pendant l'accouchement, jouant un rôle clé dans le processus. Ils facilitent la descente du bébé et sa progression jusqu’à sa naissance.
Ces réflexes jouent également un rôle majeur dans la survie du nourrisson. Par exemple, les réflexes de succion et de déglutition permettent au bébé de se nourrir dès sa naissance, sans quoi il ne peut survivre.
Les réflexes archaïques vont alors s’exprimer de la vie intra-utérine jusqu’à plus ou moins 3 ans.
Leur répétition va permettre le développement des différentes zones du cerveau du bébé et notamment de développer un réseau de communication entre ces différentes zones.
Petit à petit, ils vont permettre le développement de nouveaux schémas moteurs en laissant place à une motricité dite volontaire.
Les réflexes archaïques sont temporaires. Ils sont activés par des stimulations internes ou externes (bruit, changement de position, stimulation tactile). Ils apparaissent dans un ordre défini, s’expriment de plus en plus jusqu’à un pic de maturation. A mesure que le cerveau de l’enfant se développe et que sa motricité devient volontaire et contrôlée, ils s’estompent et « se mettent en veille ». On parle alors d’intégration des réflexes archaïques.
Pourquoi ces réflexes sont-ils importants ?
Ils sont les indicateurs du bon développement du cerveau et du système nerveux de bébé. Un peu comme les logiciels de démarrage d’un ordinateur qui vont établir toutes les connexions et qui ensuite n’interfèrent plus dans le fonctionnement quotidien et dont on pourra avoir besoin en cas de panne.
À la naissance toutes les zones du cerveau de bébé sont en place mais ne fonctionnent pas encore de manière optimale : il manque les connexions entre les différentes parties du cerveau. Ce sont les mouvements réflexes de son corps qui vont permettre le développement de ce réseau de communication entre toutes les zones de son cerveau. À force de répétitions spontanées et involontaires, l’enfant va, en plus de développer son réseau nerveux et neuronal, renforcer son tonus musculaire, atteindre une régulation sensorielle et une posture équilibrée, permettre une bonne disponibilité intellectuelle et accroître sa sécurité intérieure.
En effet, la bonne intégration des réflexes archaïques est à la base du développement :
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Cognitif : disponibilité pour les différents apprentissages, concentration, attention, mémorisation.
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Émotionnel : confiance en soi, expression émotionnelle équilibrée, affirmation de soi.
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Corporel : motricité fine et globale, posture équilibrée, coordination, latéralité, capacité à se détendre.
Preuve de leur importance, le pédiatre vient quelques minutes après la naissance de bébé tester ces fameux réflexes.
Les 4 étapes de vie qui peuvent affecter le développement des réflexes archaïques
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La grossesse : stress de la mère, maladie, traitements médicamenteux, tabac, alcool, violence, dépression, déni de grossesse, non désir de l’enfant, dilemme d’IVG, manque d’activité ou immobilisation de la mère…
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La naissance : accouchement long, déclenchement, mauvais positionnement du bébé, cordon autour du cou, prématurité, souffrance fœtale, naissance par le siège, césarienne, forceps/spatules/ventouses, séparation rapide après la naissance pour soins en urgences, couveuse…
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Les 15 premiers mois de vie : absence de stimulations motrices, peu de stimulations sensorielles, peu de temps passé à plat ventre, chaussures avant la marche, non-respect des étapes motrices naturelles de l’enfant (relever un bébé ou l'asseoir avant qu’il ne sache le faire seul), pas de ramper ni de 4 pattes, portage non physiologique, allergies, intolérances, utilisation de matériel tels que les trotteurs, transats, parcs, maxi cosy (utilisé à outrance en journée et pas uniquement pour la sécurité en voiture), maltraitance, écrans avant 3 ans, consommation excessive de sucre…
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Les défis tout au long de la vie : accidents, chutes, chocs émotionnels, violences physiques ou psychologiques, AVC, maladies neurodégénératives, maladies graves induisant un stress important, burn-out, dépression… Ce n’est pas tellement l’ampleur du choc qui a son importance mais comment il est perçu par la personne et inscrit dans ses cellules.
Pourquoi existe-t-il des variations en fonction des individus ?
Tous les bébés n’ont pas exactement les mêmes réflexes au même moment. Certains peuvent réagir un peu plus ou un peu moins. Mais pourquoi certains réflexes arrivent à s’intégrer et d’autres pas ?
L’environnement dans lequel bébé grandit constitue le terreau d’évolution, de maturation et d’intégration des réflexes : ils ont besoin pour leur bon développement de mouvements, de calme et d’attention.
Mais parfois, il arrive que tous leurs besoins ne soient pas satisfaits et qu’ils ne réussissent pas à s’intégrer. D’autres fois, ils se sont bien intégrés dans les premiers mois de vie de bébé et en grandissant des évènements traumatisants (physiques ou émotionnels) peuvent les réactiver.
L’important est d’observer leur progression et de savoir que les professionnels de santé vérifient cela à chaque visite.
Ce qui peut amener à consulter un praticien
Bien que la présence des réflexes archaïques soit généralement un bon signe, il est important de prêter attention à leur évolution. Si certains réflexes persistent au-delà de l’âge attendu ou si votre bébé semble ne pas les avoir du tout, il est intéressant de consulter un spécialiste formé ou d’en parler à votre pédiatre.
Quelques pistes qui amènent à consulter un praticien en intégration des réflexes archaïques :
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Si l’enfant semble avoir des difficultés à atteindre des étapes clés du développement, telles que ramper, marcher, ou s’asseoir de manière autonome
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Difficultés dans la coordination, l'équilibre ou une posture inadaptée
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Hypersensibilité ou réactions excessives aux stimuli sensoriels
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Instabilité émotionnelle ou une hypersensibilité au stress, mode survie, sur le qui-vive, anxiété, nervosité…
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Postures rigides, tensions corporelles excessives, mouvements stéréotypés répétitifs entravant la motricité.
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Difficultés dans les activités quotidiennes comme s’habiller, s’alimenter, ou manipuler des objets, chutes à répétition…

À retenir de l’article
Les réflexes archaïques sont un outil précieux pour améliorer son potentiel et sa qualité de vie. Il est possible de réintégrer ces réflexes à tout âge pour favoriser un meilleur équilibre physique, émotionnel et cognitif.