L’importance du toucher pour le développement et l’attachement de votre bébé
Par : Delphine Capel, auxiliaire de puériculture

Temps de lecture : 2min
Comment nos bébés s’attachent à nous ? Pourquoi est-il si important de toucher, câliner, et porter son enfant ?
La perception du toucher
La peau est l’organe le plus étendu de notre corps, et c’est aussi le premier support de communication. De nombreux récepteurs interviennent dans les sensations tactiles de la peau : pression, tension, vibrations, etc. La peau remplit également d’autres rôles, comme la protection, la thermorégulation, et l’élimination par la sueur.
In utero, la peau est stimulée via le liquide amniotique par les mouvements et les sons maternels. Le fœtus perçoit les contacts à travers la paroi utérine. Le toucher est donc le premier sens qui se développe in utero.
À partir du 7e mois de grossesse, une pression sur le ventre de la maman engendre une réaction immédiate du fœtus. C’est l’approche haptonomique, en lien avec les connaissances acquises du bébé à cette période.
À la naissance, le nouveau-né est subitement privé des sensations éprouvées in utero : bercements, caresses du liquide chaud, bruits amoindris. Être touché, porté, bercé, massé devient donc aussi important pour le bébé que de manger. La peau est son principal organe sensoriel, et le sens le plus développé. Le sens tactile devient vraiment précis et conscientisé vers 7 ou 8 mois, et complètement acquis entre 12 et 16 mois.
La motricité réflexe du nouveau-né
Chez le nouveau-né, l’examen néonatal destiné à estimer sa maturité et son intégrité neurologiques s’effectue par les réflexes archaïques. Sur le plan tonique, le nouveau-né est caractérisé par une hypotonie axiale (tonus faible) et une hypertonie (tonus fort) des membres avec des mouvements de reptation et des ouvertures des mains intermittentes.
Dès la naissance, la mise en peau à peau avec l’un des parents le rassure, lui permet de se sentir en sécurité, et surtout de ressentir une contenance autour de son propre corps. Cette pratique est un besoin archaïque et sécurisant pour le bébé. Il retrouve également la chaleur, l’odeur et les battements de cœur du parent, ce qui le rassure.
Il est important de se rappeler que l’humain est un mammifère, avec une gestation de 9 mois, ce qui est relativement court dans le monde des mammifères. La gestation moyenne des mammifères étant de 15 à 18 mois, voire 20 mois chez certaines espèces comme l’éléphant. C’est pourquoi à la naissance, nos bébés naissent avec beaucoup de besoins, notamment celui d’être touché et porté, afin de créer un lien d’attachement.
Le lien d'attachement et son importance
Plus un enfant est porté et touché dans les premiers mois de sa vie, plus il développera une sécurité émotionnelle. Le bébé se nourrit autant par le toucher que par la nourriture ingérée. Chaque geste bienveillant sur sa peau déclenche la production d’une hormone de bien-être et d’attachement appelée ocytocine. Chaque état de bien-être amène aussi la production d’endorphines, qui déclencheront chez le bébé ou l’enfant la capacité de se calmer. C’est pourquoi prendre son bébé dans les bras provoque une réaction immédiate de soulagement et d’apaisement.
Avant l’âge de 6 à 8 mois, l’enfant n’est pas capable de se rassurer seul. Cependant, il est important de ne pas surstimuler le nouveau-né avec trop de contacts en même temps. Une seule personne à la fois devrait le toucher, afin que son cerveau immature puisse gérer cette stimulation.
L’attachement chez le nouveau-né
L’attachement se définit comme la manière dont s’établit la communication entre le bébé et les personnes qui s’en occupent. C’est une nécessité absolue pour l’enfant de créer des liens avec ses parents ou son substitut, ce qui lui permet de se développer normalement.
L’attachement est un processus instinctif, complexe et continu, qui peut ou non se mettre en place dès la grossesse. Il est nécessaire que les parents passent un temps suffisamment long avec leur bébé dès la naissance. Ce contact précoce et prolongé influence l’allaitement, favorise la proximité, et améliore la capacité à consoler, câliner, et masser. Ces interactions contribuent à des enfants plus souriants et apaisés.
Si la mère ne veut ou ne peut pas allaiter, c'est principalement la proximité physique et les échanges de toucher et de regard durant le biberon qui contribuent à établir ce lien.
Cependant, il est important de noter que l’attachement peut prendre plus de temps pour certains, ou être plus difficile pour d’autres. Il dépend des conditions de conception et de naissance du bébé, de la transmission faite aux parents, de la culture, de la religion, ainsi que des conditions physiques, psychologiques et émotionnelles.
En résumé…
Il est essentiel de se souvenir que nos enfants se nourrissent dès la naissance de ce toucher plein d’amour. C’est une transmission ancestrale qui est toujours valable même si notre société véhicule parfois le contraire. Par ce geste simple et bienveillant, toucher son bébé de façon respectueuse revient à lui offrir un cadeau : un cadre rassurant, aimant, et la capacité d’utiliser un médicament naturel déclenché par son cerveau, qui lui apporte du bien-être.
Références et ressources conseillées
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"Shantala" de Frédéric Leboyer.
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"Pour une naissance sans violence" de Frédéric Leboyer.
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"Le massage des bébés" de Vimala Maclure.

À retenir de l’article
Nos enfants se nourrissent dès leur naissance de notre présence et de ce toucher plein d’amour.